Cannes 2013, avant le palmarès : qui peut gagner quoi ?
Nul ne sait pour l’heure quels films ont trouvé grâce aux yeux du jury de Steven Spielberg, et si ce dernier se conformera aux goûts de la majorité ou déchaînera la controverse. Mais on connaît au moins l’opinion des critiques et le buzz du moment. Film par film, retour sur les tendances de la compétition…
Jeune & jolie de François Ozon
Premier film projeté en compétition, il a dans l’ensemble fait bonne impression (des notes généralement favorables pour le panel critique du Film français, 2,4 étoiles de moyenne pour celui de Screen), mais ne figure pas parmi les favoris. Qui sait si sa jeune interprète, Marine Vacth, n’aura pas ses chances ?
Heli d’Amat Escalante
Le protégé de Carlos Reygadas n’a pas vraiment fait recette auprès de la critique, à une ou deux exceptions près, et s’est même attiré quelques foudres. Mais son producteur non plus n’avait pas franchement emballé les spectateurs cannois avec “Post Tenebras Lux”, pourtant reparti l’an passé avec le Prix de la mise en scène… une récompense qui irait comme un gant au Mexicain, représentant d’une cinématographie que les voisins Américains ne regardent jamais sans intérêt. Grosse cote quand même.
Le Passé d’Asghar Farhadi
Très favorablement reçu par la critique française comme internationale et cité dans la foulée comme un possible palmé, “Le Passé” est nettement moins au centre des discussions sur la Croisette depuis quelques jours. Du coup, on se demande si son étoile n’a pas quelque peu pâli (auprès des observateurs, pas forcément du jury). Un Prix du scénario pourrait faire sens, mais serait sans doute une déception.
Cannes 2013
A Touch of Sin de Jia Zhangke
Le cinéaste chinois récolte une moyenne de 3 étoiles dans le panel de Screen et figure parmi les réels outsiders de la compétition, bien que beaucoup aient exprimé des réserves. Déjà lauréat du Lion d’or pour “Still Life”, Jia Zhangke est un auteur de festival dont il ne faudrait pas mésestimer les chances.
Jimmy P. d’Arnaud Desplechin
Nombreux sont les “Desplechinophiles” hardcore à se plaindre de n’avoir pas retrouvé le génie du cinéaste dans ce premier film américain. Petite déception qui ne l’empêche pas de recevoir ça et là quelques éloges, même s’il ne figure pas parmi les noms qui reviennent pour le palmarès. Benicio Del Toro pourrait candidater au Prix d’interprétation masculine (malgré quelques commentaires défavorables le concernant), mais il l’a déjà reçu pour Che.
Tel père, tel fils d’Hirokazu Koreeda
Plutôt bien noté par la presse, le film a, de par son sujet, quelques chances de toucher un Steven Spielberg. De là à en faire une Palme d’or, il y a une marge que les observateurs n’ont pas forcément franchi, mais le statut d’outsider semble aller plutôt bien au film japonais de la compétition.
Borgman d’Alex Van Warmerdam
On a peu parlé de ce film réalisé par un auteur inconnu du grand public, et qui a tout de même quelques supporters, même si on le voit mal remporter la récompense suprême. Avec un 2,1 au baromètre Screen, il est pour l’instant dans le ventre mou du classement.
Cannes 2013
Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
Les Coen vont-ils rejoindre le club des double palmés ? Leur film a en tout cas reçu des éloges quasi unanimes et se classe parmi les favoris de la compétition. Oscar Isaac, remarquable acteur souvent cantonné aux seconds rôles, pourrait y trouver sa première vraie consécration (mais il faudra choisir entre Palme et interprétation, les règles de non-cumul ayant évolué depuis l’époque de la razzia Barton Fink…).
Wara no tate de Takashi Miike
Pas facile pour ce cinéaste inclassable et ultra-prolifique de se concilier les faveurs de la critique. Le film est à ce stade le plus mal noté dans Screen (1,3 étoiles de moyenne), et a reçu des sifflets lors de sa projection. Autant dire que c’est une très grosse cote.
Un Château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi
Si la presse française a (relativement) épargné le film, les confrères internationaux ont été moins amènes. La seule réalisatrice de la compétition n’est, de l’avis général, pas partie pour figurer au palmarès.
Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh
Steven Soderbergh a commencé sa carrière de réalisateur par une Palme d’or, la finira-t-il avec une deuxième ? Même si le film (et sa réalisation) a été salué par la presse, c’est surtout Michael Douglas qui s’est positionné en candidat au Prix d’interprétation avec son étonnante performance (plus nettement que Matt Damon, pour diverses raisons qui ne tiennent pas qu’au film).
Cannes 2013
La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Paolo Sorrentino, enfant chéri du délégué général Thierry Frémaux qui le sélectionne très régulièrement, est le grand mal-aimé d’une partie de la critique française (et italienne). Mais les choses pourraient changer avec ce film, très bien accueilli par la presse (même en France, majoritairement), au point de figurer pour beaucoup parmi les palmables. Toni Servillo est lui aussi un candidat sérieux au Prix d’interprétation.
Only God Forgives de Nicolas Winding Refn
Quelques sifflets, un mauvais buzz sur twitter, un baromètre Screen faiblard (1,5)… Pas sûr que le Danois glane un Prix cette année, même si son film a finalement reçu quelques bonnes critiques et devrait sans doute être réévalué par la suite. Trop attendu, sans doute, et surtout attendu là où il ne comptait pas aller…
Grigris de Mahamat Saleh Haroun
Prix du jury en 2010, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun n’a pas déchaîné le fameux buzz, avec des critiques plutôt moyennes. La tendance ne lui est pas vraiment favorable, mais en 2010 non plus son film ne partait pas favori.
Nebraska d’Alexander Payne
Pas révolutionnaire mais globalement réussi selon la critique, film plus modeste que ses concurrents américains mais jugé abouti, et comme le Kore-Eda axé sur des thématiques chères à Spielberg, Nebraska peut guigner le Prix d’interprétation pour le vétéran Bruce Dern, 76 ans, ou sa partenaire June Squibb. Et peut-être bien mieux encore (Prix du jury, mise en scène, certains le plaçant même plus haut)…
Cannes 2013
La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
Le film a fait mieux que séduire : il a enthousiasmé et fait passer sur la Croisette un souffle comparable à celui de Holy Motors l’an passé (pas nécessairement bon signe pour le palmarès), avec une quasi unanimité qui, là, rappelle plutôt Amour (plutôt bon signe en revanche). Il figure clairement parmi les favoris pour la Palme, et à défaut ses actrices mériteraient sans conteste un Prix. Le coup de coeur d’une bonne partie de la critique, notamment française (avec un baromètre du Film français rempli à ras bord de palmes). Reste à voir l’impact de la polémique autour de la “méthode Kechiche” (cf. article du Monde), qui reste modérée et n’aura pas forcément atteint un jury international.
The Immigrant de James Gray
L’un des films les plus attendus de la sélection a divisé. S’il en a séduit certains (notamment chez les Américains), il en a aussi déçu d’autres. Futur classique ou retour en petite forme ? Difficile de conjecturer sur le sort qui pourrait lui être réservé par le jury. Comme de coutume, Marion Cotillard pourra prétendre à une nouvelle distinction.
Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallieres
Si la réception de ce film au flamboyant casting est plutôt fraîche, malgré quelques soutiens marqués et des éloges quant à sa qualité formelle (une récompense côté mise en scène est-elle possible ?), il offre un nouvel écrin au danois Mads Mikkelsen, sur lequel il y a consensus. Mais il semble plus que délicat d’attribuer à l’acteur un deuxième Prix d’interprétation d’affilée, après celui reçu l’an dernier pour La Chasse…
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski
Là encore, les avis sont (très) partagés, entre amateurs de dérision polanskienne et pourfendeurs d’un cinéma en voie de tarissement. Disons que Polanski a déjà été servi à Cannes (en 2002), et qu’il n’est pour le moins pas évident que son film reparte avec une récompense. Si toutefois La Vie d’Adèle devait remporter la Palme (et indirectement priver ses actrices de récompenses individuelles), Emmanuelle Seigner pourrait selon certains faire l’affaire.
Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
Sélectionné de dernière minute et programmé samedi soir, veille de clôture, le nouveau Jarmusch partait sous d’étranges auspices (qui ne le condamnent pas à l’échec, cf. Entre les murs, projeté ce même dernier jour en 2008). S’il peut d’appuyer sur quelques fidèles supporters, la critique est dans l’ensemble mitigée, et les observateurs ne perçoivent de toute façon pas le film comme une oeuvre majeure (pour son auteur comme pour la compétition). Tilda Swinton (ou son partenaire Tom Hiddleston) reste sur le principe une candidate au Prix d’interprétation, même si sa performance n’a pas affolé les commentateurs.
“Zulu”, le film de clôture (hors compétition)
Zulu