Les diabétiques surveillent leur maladie
Longtemps silencieux, le diabète peut avoir d’importantes complications (maladies cardiovasculaires, cécité, amputation, insuffisance rénale…). Pour réduire ces risques, les patients doivent surveiller leur maladie via desexamens biologiques et cliniques recommandés.À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, l’Institut national de veille sanitaire (InVS) fait l’état des lieux de ces complications et du suivi du diabète en France.
L'auto-surveillance et les examens cliniques et biologiques réguliers aident à prévenir les complications graves du diabète.
Près de 3 millions de Français prenaient un traitement médicamenteux pour le diabète en 2013, soit 4,7% de la population. Dans 90% des cas, il s’agit d’un diabète de type 2. La gravité de la maladie est alourdie par ses complications, le plus souvent évitables grâce à une surveillance en continu, via un bon contrôle du niveau glycémique, de la pression artérielle et des lipides. L’Institut de Veille Sanitaire fait le point sur le suivi de la maladie en France.Les complications du diabète en chiffresEn 2013, sur les 3 millions de Français diabétiques :
- Plus de 20 000 d’entre elles ont été hospitalisées pour une plaie du pied, dont près de 8 000 pour amputation d’un membre inférieur, soit un risque 7 fois supérieur à celui de la population non diabétique.
- 17 000 diabétiques ont subi un accident vasculaire cérébral imposant une hospitalisation (risque 1,6 fois supérieur).
- Près de 12 000 personnes diabétiques ont été hospitalisées pour un infarctus du myocarde, soit 2,2 fois plus que dans la population non diabétique.
- Un traitement de suppléance pour insuffisance rénale chronique terminale a été nécessaire chez 4 256 diabétiques, risque 9 fois supérieur à celui des personnes non diabétiques.
La réduction des complications du diabète passe la réduction des facteurs de risques associés (surpoids, hypertension artérielle, dyslipidémie, tabagisme et sédentarité) et par un meilleur suivi de sa maladie.Suivi du diabète : des évolutions encourageantesSandrine Fosse-Edorh et Laurence Mandereau-Bruno ont dressé un bilan du suivi des examens recommandés dans le cadre de la surveillance du diabète en France en 2013, dévoilé dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 10 novembre de l’InVS.Grâce aux données du Système national d’information inter-régimes de l’assurance maladie (Sniiram), les deux chercheurs ont identifié les personnes diabétiques prenant un traitement à base d’anti-diabétiques oraux ou sous forme d’insuline à au moins 3 dates différentes au cours de l’année.
Elles ont ensuite analysé la fréquence et l’évolution du suivi annuel de différents marqueurs biologiques, dont l’hémoglobine glyquée (HbA1c) qui permet de vérifier l’équilibre du diabète, le dosage de la créatininémie et de la microalbuminurie (reflet de la fonction rénale) et des lipides. La Loi de santé publique de 2004 préconise que 80% des diabétiques bénéficient de ces examens recommandés. Les consultations dentaires annuelles, le suivi cardiologique et les consultations ophtalmologiques bisannuelles ont également été passés au crible.Leur bilan indique que la fréquence de suivi de l’équilibre glycémique avait nettement progressé depuis 2007 atteignant 51% en 2013. Les dosages de créatininémie, de microalbuminurie et des lipides étaient également en augmentation (atteignant respectivement 84%, 30% et 74% en 2013).Des “marges de progression“ encore possiblesLes chercheurs notent toutefois que le suivi cardiologique et les consultations ophtalmologiques n’ont pas progressé depuis 2007. Et seuls 36% des personnes diabétiques traitées avaient vu un dentiste dans l’année.Si les chercheurs constatent peu de différences dans le suivi des dosages biologiques entre les hommes et les femmes et de faibles disparités socio-économiques, elles soulignent néanmoins la présence d’inégalités assez fortes selon les régions. Ainsi, la Guyane et le Limousin se démarquent avec des fréquences de suivi relativement faibles, tandis que La Réunion enregistre un meilleur suivi, tous indicateurs confondus.L’une des limites de l’étude concerne cependant l’absence d’information sur les caractéristiques des personnes diabétiques et sur l’histoire de leur maladie, soulignent les deux auteures. “Les résultats présentés dans cet article suggèrent une amélioration encourageante de l’adhésion à certains examens de suivi du diabète recommandés, depuis 2001. Toutefois, cette amélioration est hétérogène selon le type d’examens. La progression la plus marquée concerne la surveillance du contrôle glycémique“ concluent les auteures.Avec AFP/RelaxnewsSource : Journée mondiale du diabète 2015. – Suivi du diabète et poids de ses complications sévères en France – BEH n°34-35 – Invs – 10 novembre 2015