Pas de fumée pour bébé !

May 18, 2020 Off By EveAim

Plus d’un tiers des femmes fument encore au début de leur grossesse ! Si nombre d’entre-elles réussiront à arrêter, que faire pour toutes celles qui ne peuvent écraser leur dernière cigarette ? Le Dr Gilles Grangé, gynécologue obstétricien à la maternité du Port Royal, est membre de l’Association Allié, qui regroupe des professionnels impliqués dans le sevrage tabagique. Il nous dévoile les difficultés et les solutions pour passer neuf mois sans nuage… de fumée !

Y-a-t-il beaucoup de femmes enceintes fumeuses ?Dr Grangé : Nous avons mené une étude en juin2002 auprès de 979 femmes dans quatre régionsdifférentes. Ce qui nous a permis de connaîtreexactement les habitudes des fumeuses. Selon notre enquête,18 % des femmes sont encore accros au tabac le jour del’accouchement. Ce chiffre est à comparer aux 40 % quiétaient fumeuses au début de la grossesse. Lamoitié réussissent ainsi à arrêter defumer durant les neuf mois.Les femmes enceintes sont-elles suffisamment informéesdes dangers du tabac pour le foetus ?Dr Grangé : Lorsqu’on les interroge, neuf sur dixdéclarent spontanément que fumer est dangereux pourl’enfant. Mais lorsqu’on leur demande de préciser lesrisques (petit poids de naissance, prématurité…),elles sont beaucoup moins nombreuses à les connaître.Théoriquement, le médecin est censé lesinformer sur les dangers du tabac en début de grossesse.Mais dans tous les cas, donner simplement l’information n’est passuffisant pour les aider à arreter.Quel rôle peu jouer le médecin lors de la grossesse?Dr Grangé : Le gynécologue n’a pas une tâchefacile. Car les fumeuses que nous voyons sontgénéralement celles qui ont le plus de mal a vaincreleur dépendance. En effet, selon notre enquête, 80 %des femmes qui arrêtent de fumer le font lors du premiertrimestre. Aussi, elles ont souvent arrêté lors de lapremière consultation de la grossesse. Celles qui n’ont pasarrêté sont celles qui ont un problème dedépendance fort. Il est alors difficile de les aider sansles culpabiliser.Pourtant le rôle du médecin devrait êtrefacilité : les femmes enceintes ontgénéralement une forte motivation pours’arrêter, non ?Dr Grangé : Il est effectivement plus facile pour une femmeenceinte d’arrêter de fumer, mais il ne s’agit pas uniquementd’une question de motivation ! En effet, les changement hormonaux,notamment leur effet antidépresseur, vont faciliter lesevrage. De même ; le changement de mode de vie est unfacteur qui facilite l’arrêt. ET il faut souligner unavantage à l’arrêt lors de la grossesse : le sevragechez la femme enceinte ne semble pas entraîner de prise depoids supplémentaire !Et pour celles qui ne réussissent pas às’arrêter d’elles-mêmes, que préconisez-vous?Dr Grangé : Les recommandations de bonne pratique sont deproposer en première approche des méthodes dethérapies comportementales et cognitives. Si cela nefonctionne pas, le médecin peut proposer un patch denicotine (le Zyban® est contre-indiqué chez la femmeenceinte). Dans la pratique, nous sommes souvent amenésà proposer le patch très tôt. Car les femmesque nous recevons ont généralement déjàessayé d’arrêter le tabac sans substitut. Mais il fautsavoir que celui-ci nécessite quelques précautionschez les femmes enceintes. En effet, elles ne doivent pas le garderdurant la nuit, car le foetus accumule la nicotinedélivrée par ce biais. Dans tous les cas,l’écoute et la confiance sont essentielles, or lesmédecins ont souvent du mal à mettre en pratique cesnotions. Il faut aider à la femme à comprendre lesraisons de sa dépendance, plutôt que de laculpabiliser. Et il faut l’aider à trouver les solutionspour éviter les tentations. En particulier, l’un des un desrôles du gynécologue est d’encourager le sevrage duconjoint (s’il fume bien sûr), car c’est un facteurdécisif pour la famille entière.Si certaines femmes ne parviennent pas à arrêtertotalement, est-ce que réduire fortement sa consommation estbénéfique pour le futur bébé ?Dr Grangé : Non,, il est nécessaire d’arrêtercomplètement la cigarette durant la grossesse. Car lesfemmes qui se contentent de réduire (98 % des fumeuses quin’arrêtent pas réduisent leur consommation) onttendance à inspirer beaucoup plus la fumée. Au final,l’exposition au tabac (mesurée par CO-testeur)peut-être la même pour une femme qui fume troiscigarette ou celle qui est à un paquet entier !Après la grossesse, les anciennes fumeusesréussissent-elles à tenir ?Dr Grangé : On s’aperçoit que dans les 2 à 6mois qui suivent l’accouchement, 50 % des femmes ontrecommencé à fumer. Selon d’anciennes études,les ¾ ont repris à un an. Les problèmessurgissent en fait lorsqu’elles arrêtent d’allaiter, qu’ellessubissent des stress et bien sûr lorsqu’elles reprennent letravail ! D’ailleurs, il est indispensable de préparer ceretour à l’activité professionnelle. Il fautêtre conscient du risque de rechute, savoir valoriser sonsevrage, prévenir ses collègues et identifier lessituations dangereuses (pause café…) afin de leséviter. Et il faut essayer de trouver de nouvelles sourcesde plaisir. En préparant le terrain, arrêter de fumerpendant sa grossesse (et ne pas reprendre) est à laportée de chaque fumeuse !Propos recueillis par Alain SousaSevrage tabagique : votre médecin est un allié !L’association Alliés est un groupe de médecinspluridisciplinaires. Leur but est de mieux informer les fumeurs surles moyens d’arrêter et de les aider à s’engager dansun accompagnement médical adapté. Car le suivi par unprofessionnel de santé permettrait de doubler les chances desevrage. L’association communique ainsi auprès desmédecins et du grands publics sur les moyens d’en finir avecla cigarette.
Alliés
20 Boulevard. Malesherbes
75008 ParisClick Here: gold coast suns 2019 guernsey